Ce qui dort sous les pétales, l’exposition personnelle de l’artiste Simon Martin.
Jusqu’au vendredi 13 mai à la Galerie Jousse Entreprise (Paris).
À propos de l’artiste
Le travail pictural de Simon Martin se construit sur le recouvrement et la résurgence de détails, évoquant le monde contemporain et l’intimité. Il a obtenu son master de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2017 et a étudié à l’École Royale des Beaux-Arts de Copenhague en 2016. Il est Lauréat du prix du Portrait Bertrand de Demandolx-Dedons 2017 décerné par les Amis des Beaux-Arts. En 2019, il a participé entre autres à la bourse Révélations Émerige ainsi qu’au Prix Antoine Marin.
Photo: “Portrait au soleil gris” (2020), Simon Martin, pastel sec sur papier, 24 x 19 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Les peintures de Simon Martin sont le fruit d’une observation attentive de certains détails issus de son environnement quotidien ou d’œuvres auxquelles le relie un sentiment d’empathie. C’est un processus lent d’imprégnation, un peu à la manière d’un appareil enregistreur qui absorberait le visible pour en restituer certains fragments longuement mûris et choisis. La matière picturale légère et douce semble perçue au travers d’un filtre qui atténue l’éclat des couleurs afin qu’il ne blesse pas la vue. Les figures sont des ombres, elles surgissent du plan de la toile comme si elles survenaient depuis la surface d’un mur poreux et lavé par la pluie. Il y aussi l’idée d’un recouvrement, d’une ellipse des choses, choses invisibles mais présentes sous la peinture qui de façon ténue les recouvre. Le visible n’en prend que plus de force, comme la partie émergée d’un iceberg dont la blancheur scintille à l’horizon. Ce qui se donne à voir se lie ainsi avec ce qui échappe au regard, ces deux états fondus en un muralisme gris modulé par d’infimes variations de bleu ou de rose. C’est une peinture de la nuance élaborée entre le presque rien et le presque tout, suggestion d’images pensées et formées à partir des collisions entre mémoire et présent, présent perceptible au travers d’une porte, d’un meuble Ikea ou de l’évocation d’un visage, indices d’une réalité assimilée à une situation mentale et physique. Depuis cette situation qui est celle d’une conscience, Simon Martin développe un art subtil, traducteur pictural de la présence des objets et des êtres, présence discrète et précise comme le tressaillement d’un feuillage agité par la brise.
À propos de l’exposition
Vue de l’exposition - “La peinture s’écaille et l’eau dévale le ciment, ils se douchent cachés dans le jardin” (2023), Simon Martin, huile et acrylique sur toile, 220 x 320 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Il y a des fleurs qui poussent envers et contre tout. Entre deux planches de bois d’un cabanon au fond du jardin, le long d’un mur ou à travers ses interstices, elles fraient un chemin à leurs racines, bourgeonnent au milieu d’espaces qu’elles décident de faire leurs, éclosent, malgré tout, en heureuses couleurs. Il y en a de plus chanceuses, qui sont choisies et entretenues avec soin, offertes en couronnes, en gerbes ou en bouquets. Elles embaument ou décorent, réjouissent ou consolent, célèbrent ou accompagnent, à tous les moments de la vie. Que reste-t-il une fois que leurs pétales ont fané ? Une fois que leurs couleurs sont passées ? Une fois que leurs odeurs se sont dissipées ? Les fleurs sont pareilles aux souvenirs. Éphémères et délicats, leurs teintes, inéluctablement, s’effacent. Lavés par le temps, comment en garder trace ? Dans ses peintures, Simon Martin s’essaye à les retenir. Fleurs et souvenirs sont un fond, qu’il taille et cultive, pour mieux offrir à ses sujets la floraison éternelle à laquelle il aspire.
“Des roses ont poussé dans les joints du carrelage I” (2023), Simon Martin, huile et acrylique sur toile,195 x 97 cm, ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
“Des roses ont poussé dans les joints du carrelage II” (2023), Simon Martin, huile et acrylique sur toile,195 x 97 cm, ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Deux feuillages mousseux accueillent les visiteurs de la galerie. Vierges, verts, terres et limbes à la fois, ils sont le sas qui sépare deux mondes bouillonnants. Dehors, le bruit ; dedans, la volupté. Derrière leur frondaison se préparent des apparitions. Ici, nul buisson ardent – ce serait trop facile – mais bien tout de même une ardeur, tenue tranquille à l’intérieur de corps transis, seuls ou plusieurs, endormis ou rêveurs, baigneurs ou songeurs, c’est selon. Alanguis entre les roses trémières qui ont éclos d’un bout à l’autre du jardin de peinture, ils incarnent la mémoire d’un lieu aimé, la fugacité d’un paysage chéri, le passage d’une saison préférée, l’intimité d’un visage ami – celle qui reste même quand les traits s’oublient. Ensemble, ils formulent un vieil espoir : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme – y compris la mémoire. La peinture est, pour l’artiste, l’astuce ultime de son entretien.
Vue de l’exposition - “Sans titre” (2023) 1&2, Simon Martin, encre sur papier, 33 x 24 cm et “Des roses ont poussé dans les joints du carrelage I” (2023), huile et acrylique sur toile,195 x 97 cm, ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
La fumée des souvenirs a été mélangée par le peintre aux pigments et à l’huile. C’est elle la véritable matière. Elle est palpable, malléable, enduite sur la toile, couche après couche, jusqu’à faire ressurgir, mieux encore que les images, les sentiments qui les ont accompagnées. Ici et là, des repentirs et des coulures, des sous-couches et des contours sont laissés apparents. La peinture est pareille à la mémoire.
Photo: “Sans titre” 1&2 (2023), Simon Martin, encre sur papier, 33 x 24 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Capricieuse, tortueuse, aussi heureuse que malheureuse, elle exige un travail perpétuel pour que grâce à elle, le temps, enfin, s’arrête. Ou, plutôt, se transfigure. Si la peinture se passe de mots, c’est, peut-être, pour ne pas ébruiter le miracle dont elle est capable : celui de transmuter la matière des rêves et des souvenirs. Née des graines qu’ils ont laissées avant de s’évanouir, la peinture de Simon Martin les fait germer en bourgeons vivaces, envers et contre tout.
Photo: “la douche au crépuscule”(2023), Simon Martin, huile sur toile, 69 x 42 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Texte écrit par Horya Makhlouf.
Nos coups de coeur
“Sans titre” (2023), Simon Martin, huile et acrylique sur toile, 24 x 33 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
Photo: Vue de l’exposition - “Comme une statue sur une île déserte” (2023), Simon Martin, huile et acrylique sur toile, 195 x 114 cm ©GalerieJousseEntreprise ©GrégoryCopitet
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